resmoris | 12 mai 2025

Retour du festical des bandas à Condom dans le Gers, rendez-vous institutionnel mêlant culture, festivité, tradition, bière et économie circulaire. C’est dingue !
Habituée des orchestres symphoniques classiques, il m’a fallu un temps d’adaptation pour rentrer dans l’ambiance. Non, on ne décortique pas à l’écoute, on ne bloque pas sur la technicité, il y a une acceptation de l’approximatif qui fait fonctionner un tout, une cacophonie organisée, une leçon de cohésion d’équipe autour d’un résultat porté jusqu’au bout. Ce qui compte, c’est la joie des gens, leur envie irrépressible de danser et chanter tous ensemble.
Les images sont parlantes: Ils sont quinze, vingt ou plus, soufflant fièrement dans leurs cuivres rutilants, frappant leurs percussions avec entrain. Au festival de Condom, c’est environ 40 000 personnes qui envahissent la ville sur trois jours, se répartissant à chaque coin de rue, chaque place, pour danser au rythme de chaque banda venue de toutes parts et parfois de très loin. Pour exemple, la banda d’enfants défavorisés du Salvador qui a attirée mon attention. Très jeunes et déjà très éduqués à la posture. Il fallait voir comme il se tenaient droit, le port de tête altier, la colonne d’air disponible, toujours en position dynamique. Même à l’arrêt, ils tenaient leur trompette verticale à distance de leur torse, comme des chefs de rang.
Le premier bénéfice collectif, et il saute aux oreilles, c’est la création d’un son d’ensemble. Chaque musicien apporte sa note, son timbre, son énergie. Individuellement, ce ne serait qu’un fragment. Ensemble, ces individualités se fondent pour créer une harmonie, une puissance qui dépasse la simple addition des parties. C’est une métaphore éloquente de l’union des hommes : des talents divers qui, en se coordonnant, produisent quelque chose de plus grand et de plus beau.
Cette coordination ne se fait pas par magie. Elle exige une écoute attentive de l’autre. Le trompettiste doit entendre le rythme du batteur, le clarinettiste doit se caler sur la mélodie du saxophoniste. C’est un dialogue constant, une adaptation mutuelle où l’ego individuel s’efface au profit de l’œuvre collective. N’est-ce pas là une qualité essentielle dans toute entreprise humaine, qu’elle soit musicale, sociale ou professionnelle ?
La pratique en banda favorise également un sentiment d’appartenance puissant. On porte fièrement les couleurs de son groupe, on partage des répétitions, des concerts, des moments de joie et parfois de stress (la fausse note qui guette !). On se soutient, on s’encourage. Cette camaraderie soude les liens, crée une identité collective forte où chacun se sent valorisé et indispensable. Dans le monde du travail, ce sentiment d’appartenance à une équipe soudée est un moteur de motivation et d’efficacité redoutable.
De plus, une banda est souvent un lieu d’apprentissage et de transmission. Les plus expérimentés guident les novices, partagent leurs astuces, créent une dynamique d’amélioration continue. C’est un peu comme le mentorat en entreprise, où l’expérience des uns enrichit les compétences des autres, tirant l’ensemble du groupe vers le haut.
Et puis, il y a la gestion de l’erreur. Dans le feu de l’action, une fausse note peut arriver. Mais au lieu de s’effondrer, la banda encaisse, se reprend, et continue. Il y a une résilience collective, une capacité à surmonter les imprévus ensemble. C’est une leçon précieuse pour affronter les défis du quotidien, qu’ils soient personnels ou professionnels.
Enfin, et c’est peut-être le plus important, la musique de banda est intrinsèquement liée à la joie et au partage. Elle est faite pour être offerte, pour créer du lien avec le public. Le plaisir de jouer ensemble se communique, se propage. Dans le monde du travail, n’est-ce pas un objectif ultime de créer de la valeur, de partager son savoir-faire, et de susciter une expérience positive auprès de vos partenaires et de vos clients ?